"Comme sur un métier, le fil de la parole"

Pour une fois, ce n'est pas un de mes textes que je vais vous présenter. Je suis en train de lire un livre sur l'interprétation et la symbolique des contes et un passage (très bien écrit) a attiré mon attention et j'ai envie de le partager avec vous.

Le livre s'appelle "Contes d'hier pour aujourd'hui, origines, mythes, symbolisme et interprétation" de Anne da Costa et Fabian da Costa.

Voici le passage en question:

"Le conte est lié à la nuit et la parole du conteur est une parole d'ombre et de crépuscule qui se nourrit de cette presque obscurité propice aux confidences et aux secrets.
Le crépuscule est cet instant suspendu où l'espace et le temps vont basculer dans la nuit d'un autre monde, d'un nouvel ordre. Cette heure indécise où la lumière du jour s'éteint comme à regret a toujours été une source d'inquiétude diffuse, porteuse de mélancolie. Elle l'est encore pour nous, hommes et femmes modernes qui n'avons qu'à tendre la main vers le bouton électrique pour faire jaillir la lumière et dissiper les ombres dangereuses.

Elle l'était plus encore pour les anciens qui n'avaient d'autre secours que de se rassembler autour des chandelles et des foyers espérant ainsi se protéger de l'obscurité qui montait le long des fenêtres et se glissait sous les portes.

C'était alors l'heure du conteur et de ses contes, celle où sa parole, ses rêves, venaient repousser les fantômes et les monstres qui hantent l'esprit humain, pour les remplacer par des récits assemblés de longue date et par de nombreuses mains. Ces récits qui vont entraîner l'auditoire vers des pays au-delà des pays, lâ où les princessens peuvent épouser des princes grenouilles, où les ogres sont bernés par les petits enfants, où le bien et le beau triomphent toujours du mal et de la nuit de l'âme. Les contes étaient là - et le sont encore - pour repousser la peur et le conteur, puisant dans son coeur vaste et généreux, donne et redonne aux enfants que nous sommes tous la magie chatoyante des histoires de toujours."

Quel délice! si je savais écrire comme ça....

Mathilde le 27 novembre 2011