gratter, regretter et grandir

gratter, regretter et grandir

Maman, dis maman, je veux rentrer dans ton ventre et redevenir un bébé! La petite fille est très sérieuse. Elle se colle au ventre de sa maman, l'air ravi et dans un rêve éveillé. Maman, s'il te plaît, je veux redevenir un bébé!

La maman sourit puis, très calmement se baisse au niveau de la petite fille de 5 ans. Elle dépose ses mains sur ses épaules et lui explique que sortir du ventre est un début puis qu'on grandit de plus en plus et que maintenant qu'elle a 5 ans, une autre étape s'ouvre à elle: l'école, apprendre, s'amuser, avoir des camarades, faire du vélo. Toutes ces choses là, le bébé ne peut pas le faire car il est trop petit. La maman rassure également la fille sur son amour qui l'accompagne, qu'elle soit un bébé ou une fillette et après aussi quand elle aura 10 ans, 15 ans, 20 ans, 30 ans et même plus! Alors la petite fille regarde sa maman, lui fait un gros bisou et, fière comme un coq d'avoir 5 ans, elle va en sautillant dans sa chambre pour faire un dessin pour la maîtresse...

Nous avons, je pense,  tous des regrets qui sont comme des souvenirs derrière une vitre inatteignable. On voudrait pouvoir effacer certains choix aussi facilement que la craie sur un tableau noir. Malheureusement, c'est écrit à l'encre indélébile. Les pages du passé sont écrites à jamais. Echecs et carrefours manqués. Trajectoire dont on n'est pas fier. Erreur monumentale. On ne peut revenir en arrière. Pendant des années, j'ai cherché à retrouver les chemins perdus, loin derrière moi. J'ai réfléchi dans tous les sens pour essayer, en vain, de "rentrer dans le ventre" du passé et reprendre mon histoire là où je l'avais laissée. Mais la seule chose qui reste, ce sont les regrets, comme un souvenir nostalgique d'un temps qui ne repassera pas par le présent ou l'avenir. Que faire des regrets? Sont-ils utiles?

Dans le cas de la fillette de l'histoire, sa demande était motivée par un regret du temps où elle fusionnait avec sa maman, physiquement. Derrière sa demande, on peut y lire une peur: Maman, m'aimes-tu toujours autant que quand je faisais partie de toi? J'ai l'impression que l'on s'éloigne l'une de l'autre… la réaction de la maman est intéressante: derrière son encouragement à grandir, elle rassure la fille sur son amour profond pour elle, quel que soit son âge, où qu'elle se trouve. Les regrets sont un symptôme d'une émotion bien plus profonde: la peur de l'abandon, du rejet, la peur de l'incapacité, la colère parce qu'on n'est pas fier de soi, la tristesse d'avoir perdu quelque chose d'important dans sa vie, la rage de n'avoir pas fait "juste", la culpabilité d'avoir blessé d'autres et de ne pas pouvoir rattraper. Un seul remède pour tous ces maux… le pardon.

Comment ça Mathilde! Tu ramènes tout au pardon? Ca m'énerve! Le pardon, toujours le pardon!

Mais pourquoi le pardon?

On ne peut pas corriger le passé, mais on peut y réfléchir pour désamorcer des bombes émotionnelles importantes qui font tic tac dans notre âme. Ce tic tac nous fait peur, peur de savoir quand la bombe explosera… Si on désamorce la bombe, la peur s'en ira également. et surtout, sans corriger le passé, on peut corriger le PRESENT ET LE FUTUR!!!!

Dans la peur de l'abandon par exemple, nous avons peut-être eu à vivre vraiment l'abandon et/ou le rejet. Pour ne plus en avoir peur, on peut revenir sur le passé et  pardonner à ceux qui nous ont abandonné et/ou rejeté… Ce faisant, nous aurons moins peur que cela nous arrive à nouveau car nous aurons trouvé le remède et il suffira de l'appliquer tout à nouveau pour en guérir. Jésus parle de pardonner non pas 7 fois, mais 77x7 par jour… y a du boulot! Et si on commençait juste par une fois par jour? Je suis convaincue que si on désamorçait une bombe par jour, rien qu'une, nos vies seraient totalement changées!

Dans le cas des colères, de la tristesse et de la rage, le pardon doit être accordé à soi-même: oui, j'ai été faible; oui, j'ai échoué dans tel domaine; oui, je n'ai pas été à la hauteur. J'accepte de ne pas être parfait. Je m'autorise des échecs. J'accepte d'être fautif. Non, mon tracé n'est pas rectiligne, je n'ai pas toujours pris la route la plus courte entre deux points dans ma vie, j'ai louvoyé et même me suis perdu parfois.

Mais je me pardonne parce que je suis humain et que je peux faire des erreurs, des fautes et des bêtises, aussi énormes soient-elles. Ce n'était pas volontairement que je me suis perdu ni embourbé dans telle ou telle situation.

La Vie  est comme cette mère qui dit à son enfant: Mon/ma bien-aimé(e), je t'aime et je suis contente que tu grandisses car tes échecs te font indubitablement grandir. Je t'accompagnerai (où que tu ailles!) tous les jours de ta vie, jusqu'au dernier et jusqu'au premier jour dans ma présence au ciel et même bien après! Continue ton chemin et fais de ton mieux, je sais que tu n'es pas parfait/e et c’est le « grand jeu de la Vie » :

Faire face aux problèmes (pas comme l’autruche qui met la tete dans le sable), faire la différence entre MES illusions (désirs, espérances, imagination face à l’autre) et LA réalité et trouver les forces et l’énergie de grandir dans les difficultés de la vie. 

Pour moi, la REALITé d’aujourd’hui, c’est SACRé !!!

A quoi servent les regrets?

Avez-vous DéJà goûté à l'amertume des regrets profonds? Avez-vous déjà pleuré sur des situations irrécupérables? Ca fait mal hein?

Je comparerais les regrets à la douleur vive qu'on peut ressentir lorsque, étant enfant, on a touché à la plaque de cuisson brûlante, "juste pour voir"! Les regrets sont autant de leçons de la vie qui sont là pour éviter de refaire la même erreur DANS LE PRESENT. Je suis vraiment reconnaissante à la Vie qui m’éduque! Si la douleur n'était pas là comme sonnette d'alarme et si on n'y prend pas garde pour aujourd'hui, peut-être faisons-nous des choses, disons-nous des choses aujourd'hui que nous regretterons demain? Cet article est là pour se remettre en question aujourd'hui. Fais-je des choses que je vais amèrement regretter demain… et là, il sera trop tard pour revenir en arrière… Cela mérite réflexion non?

Article écrit le Mercredi 3 septembre 2008

Mathilde et son Dragon (logiciel)