coupe la culpa! je de maux
Mardi 6 juin 2006 2 06 /06 /2006 14:20
La seule personne qu’on va avoir à supporter toute sa vie, pour sûr, c’est soi-même… alors vaut mieux avoir une excellente relation avec elle !
Dimanche matin… Dimanche, le jour où on s’arrête pour se reposer, reposer son esprit aussi, si possible son âme (ses sentiments)…
Parlons de la culpabilité ce matin, tu veux bien ?
Je viens d’effectuer la moitié de ma vie, selon les probabilités statistiques… et voilà que hier soir, je saisis le sens véritable de ce mot ! quel bonheur !alors ce matin, pour reposer ton âme aussi, j’ai envie de partager ma découverte simple mais surprenante…
« se sentir coupable », « être coupable », ma vie était pleine de ce sentiment affreux : j’ai pas bien fait, je ne suis pas à la hauteur parce que j’ai mal agi… et une question me taraudait chaque jour : comment réparer mes erreurs ? Le passé est écrit sur le roc : personne ne peut ni l’effacer, ni le modifier. Je me sentais non seulement triste, mais impuissante : c’est fait et je ne peux pas changer.
Mais voilà qu’une simple discussion avec un vieux philosophe sage (mon papa que j’adore !) m’a changé la perspective et m’a rendu non seulement l’espoir, mais la joie tant espérée et recherchée, sans parler de la paix du cœur ! Quel cadeau pour un week-end de pentecôte !…
On était en train de parler des principes d’éthique de base : 4 principes couramment utiliser en éthique biomédicale : bienfaisance, autonomie, justice et équité. Je réfléchissais toute la semaine à ces sains principes en me disant qu’en les appliquant dans la vie de tous les jours, on devait bien arriver à éviter la culpabilité… voilà le nœud ! Qu’est-ce que la culpabilité ?
Pour moi, je croyais sincèrement que la culpabilité est ce terrible sentiment d’avoir failli, de ne pas être arrivé à faire ce qu’on avait décidé dans l’idéal…illusion… une barre placée trop haute et tombée à notre passage de saut en hauteur ?... j’ai développé avec le temps un dégât collatéral : si je n’y arrive pas, c’est que je ne suis bonne à rien alors… et c’est la spirale infernale : si je ne suis bonne à rien, pourquoi encore essayer ? Et si je n’essaye plus, à quoi sert de vivre ? Je n’attends plus rien de la vie, sinon la mort… et dernière étape : pourquoi attendre la mort, autant la provoquer alors, je souffrirai moins non ? Mais si je hâte ma mort, je serai coupable… et comme je crois à la vie éternelle ma façon, je vais emporter ce lourd fardeau pour la suite.
Culpabilité : étymologie du mot : culpa = faute. Attends… faute vs erreur ? La faute est intentionnelle, l’erreur est comparable à trébucher sur la route… sans intention de faire du mal.
Erare humanum est dit l’adage latin. Oui, l’erreur est humaine. Jusqu’à nouvel avis, je SUIS humaine ! L’intention fait toute la différence !
Si on reprend les 4 principes de base de l’éthique, voici quelques questions à se poser pour différencier l’erreur de la faute :
- Dans l’action « incriminée », ai-je voulu faire du mal, blesser, salir ou détruire quelqu’un (y compris soi-même s’entend) ? (principe de bienfaisance) ? Question cruciale : l’intention de nuire indique la faute. Sinon, si j’ai agis sans intention de nuire et que j’ai malencontreusement blessé ou même tuer quelqu’un, je ne suis pas coupable ! Je suis responsable de mes actes. Ce n’est vraiment pas pareil ! Je peux regretter que ce soit passé ainsi, mais ce n’est pas ma faute, c’est ma responsabilité et « il suffit » d’en prendre conscience et si, possible, faire savoir à l’autre que l’on regrette notre acte et que la personne ait été blessée, sans intention de faire mal.
- Principe de justice : Qui est responsable ? Chacun est responsable de ses actes. Dans le cas où on a subi une action d’un tiers, la justice reconnaît que c’est la personne qui a agi qui est responsable de ses actions. Ai-je agi de manière réppréhensible? Ai-je « subi » une situation qu’une tierce personne a provoquée ? Dans ce dernier cas, rendre la justice et rendre la responsabilité à la bonne personne permet de mettre un nouveau jalon pour nous même : oui, j’étais là au mauvais moment, au mauvais endroit et j’ai subi l’action d’une autre personne, mais je n’en porte pas la responsabilité, je porte les blessures, mais la justice ne me condamne pas. Alors pourquoi je me condamnerai moi-même pour quelque chose qui ne m’appartient pas au niveau de la responsabilité. Rendons à César ce qui appartient à César ! Que Diantre !
Je pense toujours à la scène mémorable dans le film Will Hunting où Robin William répète au jeune révolté qui a subi des sévices graves toute sa jeunesse que ce n’est pas sa faute. La première fois qu’il le dit, le jeune lui dit d’un air entendu : oui, je sais. La deuxième fois qu’il le lui dit, le jeune réveille son esprit et dit : oui c’est vrai avec plus de conviction. La troisième fois le jeune commence à être agacé se demandant si le psy le prend pour un imbécile ! La quatrième fois, le jeune se met carrément en colère… et la cinquième fois, il commence à pleurer de toute son âme. Il finit dans les bras du psy à sortir toutes ses douleurs intérieures et commence à être reconnaissant… Ce n’est pas ta faute Will ! Il finit par intégrer après avoir versé des larmes de douleurs et se sent soulagé profondément : quelqu’un reconnaît que ce n’est pas sa faute ! il est écouté et entendu !
- Principe d’équité (du latin aequitas = égalité). Magnifique principe. Peut-être est-ce évident pour toi, j’ai dû apprendre : je vaux autant que les autres ! Si je respecte les autres et leur pardonne leurs erreurs, alors je me respecte autant (pas plus, pas moins) et je me pardonne mes erreurs. Si quelqu’un a fait une faute, il en porte la responsabilité. De même si j’ai fait une faute, j’en porte la responsabilité. Si quelqu’un te donne son amour, reçois-le comme un présent. Ne rejette pas l’amour, accueille, malgré tout… justement !
Mais c’est aussi valable dans l’autre sens : les autres valent autant que moi : le vieil adage dit « ne fait pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ». Ils valent la peine. Ils méritent mon respect, ma compassion, ma grâce (ton pardon) et mon amour. Nous sommes tous à égalité devant la Vie . Nous sommes tous des hommes faillibles et fautifs à un moment ou à un autre dans notre vie (et même parfois trop souvent quand on est aussi impulsif que moi !). Si nous sommes des êtres à égalité, alors nous n’avons aucune raison de nous considérer meilleur, supérieur ou plus aimé par la Vie que les autres…. Plus de concurrence, seulement des compagnons de route. Plus de haine, seulement des partenaires de vie, en route…
- principe d’autonomie : Grâce à Dieu, nous ne sommes pas des automates ! Nous avons une autonomie… comme les voitures électriques… sauf que la voiture a une capacité d’autonomie de 100 km. Nous, c’est clair, notre autonomie un peu plus durable… le temps de notre vie sur terre. Nous avons tous été équipés d’un cerveau. C’est pour nous en servir ! Quel merveilleux don du ciel que la liberté. Lorsque j’ai eu mon premier enfant, j’ai marqué sur la porte de sa chambre : « laissez-moi me tromper toute seule ! » Je ne voulais pas de conseils… je voulais découvrir seule ma maternité et ma parentalité. Bon, c’était peut-être bien un peu fort comme réaction, mais c’était important pour moi. Autonomie.
Dans l’affaire de culpabilité, l’autonomie suppose une règle de base : libre mais pas indépendant ! Assurément, je dépens de celui qui me prête vie tous les jours. Je dépens de la grâce à chaque instant. Je dépens de mon réveil pour me libérer de mes fautes.
En croyant être « maître de ma vie », je nie l’évidence : suis-je maître des circonstances, maître des réactions des autres ? Maître de la longueur de ma vie, maître de ma santé ? Maître de l’endroit où je nais et de ma culture ? Maître des rencontres faites dans ma vie ? Maître des blessures infligées par autrui ? et même suis-je toujours maître de mes sentiments, de mes émotions et de mes actes ? L’autonomie suppose donc de reconnaître ce qui est, la réalité reste sacrée pour moi, et dans le « ce qui est », rester libre de ses pensées, de ses actes, de ses choix. Ce qui est ne peut être changé. Mon attitude face à ce qui est peut changer ! Je vis une situation injuste ? C’est ce qui est. Je réagis en me révoltant, c’est mon choix ! Ou j’accepte que la situation est injuste et j’agis au mieux, avec justice, sagesse et droiture. Quelqu’un me rejette sans raison visible et me blesse violemment alors que je n’ai rien fait pour cela. Ce qui est : je me sens blessée et rejetée. Mon autonomie : choisir par exemple de ne pas rendre le mal pour le mal ou cesser d’espérer que cela ne soit pas arrivé. C’est arrivé. Personne ne peut changer. Cesser de demander pourquoi ? et vivre dans le pour quoi, à quoi cette situation peut me servir pour l’avenir ? J’évite ainsi la faute et… la culpabilité. Par contre, je n’ai pas à accepter de prendre le fardeau de la responsabilité de la circonstance. Souviens-toi : rendre à César…
En résumé, la culpabilité est très circonscrite et c’est rassurant :
- Suis-je en train de violer le principe de bienfaisance ? Mon intention est-elle de blesser ou de faire du mal ? Si oui, il y a des prises de conscience à prendre, des explications à donner (mais on ne jette quand même pas les perles aux cochons), des excuses et explications à donner et un changement d’attitude à vouloir pour couper la culpabilité et revenir à la paix de l’âme. La culpabilité a un rôle destructeur dans la vie : elle nous enferme dans un esclavage infernal et fais ce qu’elle veut dans notre tète !!!! C’est une perte de temps inutile !
- Suis-je en train de faire ma propre justice en me vengeant ? A qui ai-je choisi de confier la justice ? Si oui, une reconnaissance du juste juge et un lâcher prise permet un retour au calme intérieur.
- Suis-je en train de considérer les autres comme inférieurs et méprisables par rapport à ma petite personne ? Les vois-je comme égaux à moi? Si non, une remise en question de mon identité, façon de faire ou autre est peut-être nécessaire.
- Enfin, suis-je en train de vivre dans l’autonomie offerte par la Vie ou ai-je pensé être indépendant ? vivre l’autonomie dans la paix et la reconnaissance envers la Vie permet de reconquérir une joie profonde du présent (présent = cadeau !) et une confiance sereine en l’avenir…
Ne te laisse plus con-damner (mot chrétien pour dire damner avec Satan) par la culpabilité non justifiée ! Coupe la culpabilité ! Tu es fautif, qu’à cela ne tienne : coupe, change, pardonne et repars. Tu n’es pas fautif ? alors n’accepte plus de porter le fardeau d’un autre et vaudrai mieux trouver un chemin pour ne pas se sentir coupable pour un autre ou à sa place…
Bonne route et enjoy life !
Mathilde et son