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anne, ma soeur anne, ne vois-tu rien venir?

par mathilde

publié dans anciens écrits

Jeudi 17 juillet 2008

Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir?

On va attaquer dur aujourd'hui. Si la montagne ne vient pas à Mahomet… alors on s'équipe et on va à la montagne…

 

Je connais une personne qui a perdu depuis des années sa joie. Joie de vivre l'ici et maintenant; joie et humour; joie et paix; joie et confiance… On a fait ensemble un bon bout de chemin pour trouver pourquoi elle avait perdu sa joie; rien n'y a fait. On a prié ensemble, sans succès. Elle a essayé de se "forcer" à être joyeuse… catastrophe. Puis elle a tenté de s'isoler pour ne pas à présenter sa moue quotidienne et son mal de vivre… mais rien n'y a fait…

 

Et puis, un jour, cette personne s'est rendue compte qu'elle était pleine de regrets. Tout l'espace de son cœur était encombré par ce sentiment omniprésent. Elle m'a raconté que tous les soirs, elle faisait le bilan de sa vie et tous les soirs, elle comptait toutes les choses qu'elle regrettait avoir faites ou pas faites dans sa vie. Je me suis sentie un peu désemparée lorsqu'elle m'a révélé cela. C'est pourquoi aujourd'hui, j'attaque: y a-t-il un moyen de combattre le regret et de remplir sa vie de joie?

 

Tout d'abord, qu'est-ce que le regret? Le dictionnaire Robert nous donne plusieurs définitions:

  • Etat de conscience douloureux causé par la perte d'un bien, entrainant la nostalgie
  • Mécontentement ou chagrin (d'avoir fait ou n'avoir pas fait) dans le passé, conduisant à des remords
  • Déplaisir causé par une réalité qui contrarie une attente, un désir, un souhait, une déception en somme.
  • Excuses qu'on exprime à une autre personne.

 

L'origine du mot est plutôt obscure mais viendrait du XVème siècle: se lamenter sur qqch, ou de l'ancien scandinave: gratas: pleurer. Le dictionnaire "sensagent" en ligne ajoute que le regret est comparable aux coups de cloches intermittents lors de funérailles pour rappeler la mort du défunt… hum, belle image! Il renferme l'idée du retour récurrent du passé, d'une perte inconsolable.

 

Effectivement, si on se lamente dans son cœur ou on pleure, qu'on a des douleurs ou du chagrin, qu'on est déçu, c'est plutôt difficile d'exprimer de la joie! En combattant le regret, il y aurait peut-être de la place pour la joie… à vérifier.

 

Quel est le contraire de regretter? Difficile. Je dirais sans trouver l'antonyme parfait: accepter; être reconnaissant; laisser derrière soi pour toujours; et dans une certaine mesure aussi lâcher prise.

 

Le regret est comme un boulet que l'on traine derrière soi quoi que l'on fasse: il se manifeste dès que l'on veut bouger, avancer ou s'activer. Regretter, c'est aussi inconsciemment croire que, si on continue à y penser, peut-être que le passé pourra changer. Je sais, c'est infantile comme conception… mais cela me semble un point central de la discussion: c'est une croyance inconsciente qui nourrit le souvenir dans le présent afin d'être comme ressuscité, ramené au présent pour pouvoir le changer… malheureusement, ce n'est qu'une illusion profonde. Le passé est écrit, on ne pourra jamais le changer. Il faut une bonne fois pour toute en faire le deuil. Et il y a plusieurs manières de faire le deuil du regret:

  • Reconnaitre notre responsabilité dans le passé et lâcher prise (mais attention de ne pas prendre toute la responsabilité sur le dos, ce serait injuste et des racines d'amertume pourraient alors y prendre place, ce n'est pas le but). Juste avoir bonne conscience en reconnaissant sa part de responsabilité et d'erreur concernant l'évènement en question.
  • Reconnaitre la responsabilité d'autrui et tenter de lui pardonner… ce sera sans doute la chose la plus difficile à faire mais indispensable pour avoir la paix dans son cœur. Peut-être est-il encore temps de lui en parler de vive voix… peut-être pas. C'est selon.
  • Tirer les conclusions et leçons nécessaires pour ne pas refaire les mêmes erreurs. C'est là que j'en viens à la sœur Anne: le passé devrait, dans le meilleur des cas, pouvoir nous enseigner quelque chose de positif. Si, de loin, nous reconnaissons une situation qui est proche ou semblable à des choses que l'on a regretté, alors comme la sœur Anne, on la voit venir de loin et si on y a bien réfléchi, on ne retombe pas dans le même panneau. D'où l'importance de prendre le temps de faire un bilan le plus objectif possible après chaque épreuve qui nous conduit à regretter quelque chose.
  • Enfin, décider de laisser le passé au passé et se concentrer sur le présent comme sur une page blanche à écrire, chaque jour.

 

Du coup, c'est comme une pièce qui vient d'être vidée de ses meubles: on peut envisager un autre arrangement avec des meubles tous neufs… la joie, la paix, l’amour et d’autres fruits qui découle de la paix du cœur.

 

Notes de Mathilde en relisant le texte le 6 avril 2010 :

Ce texte est celui de coupe la culpa se ressemblent énormément ainsi que d’autres textes et je me rends compte que depuis plusieurs années je me débats avec ce problème de regrets, culpabilité, différence entre erreurs et fautes… 

 

 

Témoignage personnel.

 

Lorsque j’ai quitté ma famille il y a 12 ans, je ne me suis pas rendue compte que tous allaient souffrir ! Sur le conseil que je croyais avisé d’une amie de l’époque, je n’ai pas insister pour avoir la garde des enfants à la sortie de Montana ; j’étais en dépression grave et j’avais peur que je ne sois pas à la hauteur… puis, dès que j’ai repris le fil de la vie, assez rapidement d’ailleurs, je ne voulais pas « arracher » les enfants à leur père qui avait assuré au niveau garde. J’ai tout laissé derrière moi pour eux : il fallait qu’ils ne manquent de rien… mais ils me manquaient à en crever : tous les soirs depuis 12 ans, je pleure de ne pas avoir pu leur raconter leur histoire du soir, de ne pas les avoir bordé avec un grooos bisou apaisant qui disait implicitement : aucun souci, je serai toujours là pour toi… et un jour, j’ai trahi ce contrat implicite… je pense  à tout ce que j’ai raté avec eux comme défis et complicité, ne pas les avoir suivi pour leur scolarité (si je l’ai fait de loin, mais voilà), chaque année à la rentrée, je pleure de ne plus être celle qui fait les courses avec LA liste de la maitresse et de ne plus fourrer les cahiers (on avait chronométrer : moins d’une minute par cahier…), de ne pas etre là quand ils étaient malades, etc…

Voilà pourquoi ces thèmes, assez proches, se recoupent plusieurs fois dans le passé, jusqu’à ce que j’ai enfin appliqué ce que je proposais…

Le cordonnier est toujours le plus mal chaussé parait-il ( J)

 

 

Mathilde et songragon

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